À Perseigne, une abbaye disparue et une colonie bien vivante

Dans la clairière de Perseigne, à Neufchâtel-en-Saosnois, où jadis s’élevait une abbaye cistercienne dont quelques ruines subsistent, la colonie de vacances en activité la plus ancienne de France a fêté ses 100 ans en 2023 ! 

La colonie de vacances de Perseigne a fêté ses 100 ans, en 2023, avec le soutien du Département. C'est la plus vieille colonie de vacances encore en activité ! 

C’est à l’initiative de deux ecclésiastiques, le Père-Abbé Rabinel et le Père Lebreton, que 23 garçons du quartier Saint-Gilles du Mans (aujourd’hui quartier Libération) passèrent l’été 1923 au cœur de la forêt de Perseigne, dans une clairière bordée par les ruines d’une abbaye qui a marqué durablement l’histoire du Maine et du Perche.

« Ces ruines magnifiques sont une vraie chance pour notre institution », souligne Yannick Gourmil, directeur de la colonie. « Elles nous permettent de présenter aux jeunes l’histoire du lieu, une histoire mêlée d’anecdotes et de légendes transmises au fil des générations ! » Plusieurs milliers d’enfants et d’adolescents se sont en effet succédé à Perseigne depuis 100 ans. « Ce sont surtout des Sarthois, attirés par le bouche à oreille, avec une grande mixité sociale. Beaucoup reviennent chaque été ; certains sans discontinuer entre 6 et 17 ans et deviennent ensuite animateurs ! » Cette fidélité s’est construite sur deux valeurs : « esprit familial et partage ».

L'abbaye la plus puissante du Maine au Moyen Âge

En 1145, les mots d’ordre étaient plutôt « discipline et austérité ». Fondée par des moines de l’abbaye de Cîteaux, Perseigne était donc, comme la future Abbaye Royale de l’Épau, une abbaye cistercienne. À la recherche de silence et d’isolement, les religieux travaillaient les terres, les vignes et les bois offerts par Guillaume Talvas, comte d’Alençon.
Parmi les abbés ayant administré le lieu, Adam de Perseigne, confesseur de Richard Cœur de Lion, marqua l’histoire de ce qui est alors l’abbaye la plus riche du Maine. Son agencement a des similitudes avec celle de l’Épau : un jardin carré, une salle capitulaire et diverses salles surmontées d’un dortoir. 

À la Révolution, Perseigne est brûlée, ses occupants sont chassés et ses ruines vendues comme biens nationaux. L’abbaye finit par échoir à la famille de l’abbé Rabinel. Dans les années 1930, la colonie de vacances est modernisée pour améliorer le confort des enfants tandis que les ruines de l’abbaye sont inscrites aux Monuments historiques. Comme un pont entre les 2 vies d’un même lieu.

Sur les traces de l'Abbaye de Perseigne en Sarthe

Perseigne a essaimé dans toute la Sarthe. Il est en effet très probable que le retable de l’église Saint-Hélier, à Monhoudou, provienne de cette abbaye. Classé au titre des Monuments historiques en 1907, il a sans doute été remanié dans sa partie haute pour occuper au mieux le chevet de l’église. Les Archives départementales, au Mans, conservent au sein de leurs fonds anciens, la charte de fondation de l’abbaye de Perseigne, un parchemin datant de 1145 ! Comment enfin ne pas évoquer l’Abbaye Royale de l’Épau, autre monument cistercien bâti au XIIIe siècle. En effet, l’abbé Adam de Perseigne était un proche de Bérengère de Navarre, « un protecteur discret mais efficace » écrit le Père Michel Niaussat dans son livre sur l’Épau.

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